L’histoire du marché Dông Xuân de Hanoï

(origine du texte: Le Courrier du Vietnam Dimanche)

Il y a cent ans, alors que la rivière Tô Lich n’était pas encore remblayée comme de nos jours, le peuple de Hanoï avait l’habitude de se rassembler sur deux petits marchés sur le bord même de la rivière. L’un des marchés se trouvait auprès du temple Bach Ma, quartier de Ha Khâu (rue des Voiles actuelle), l’autre, le marché de Cau Dông, près de la rue des Tubercules.

En 1889, les autorités coloniales françaises de Hanoï fusionnaient les deux marchés en un seul, plus large, sur un terrain à découvert du quartier de Dong Xuan. De petites chaumières servaient d’emplacements aux marchands. Quiconque voulait commercer dans le marché devait payer un impôt. C’est pourquoi les gens préféraient vendre en dehors.

Un an plus tard, sur ce même lieu, on entamait la construction d’un local long de 52 m, haut de 19m, aéré, divisé en cinq secteurs, à châssis de fer, supports de piliers espacés, recouvert de tôles de zinc. On baptisa officiellement ce marché: Marché Dong Xuan. C’était alors le plus grand marché de Hanoi. Des murs ont ensuite été bâtis et consolidés, avec trois portes d’entrée et deux passages dont l’un vers la Rue des Tubercules, l’autre vers la Rue des Nattes. La façade en maçonnerie du marché se présentait sous forme de cinq arceaux réguliers, gracieux, donnant au marché une caractéristique architecturale familière aux gens de Hanoi.

Il y a cinquante ans, il existait sur une partie du marché Bac Qua actuel un atelier de tricotage, du nom de  » Le Page « , qui par la suite a fermé, transformé en terrain de football, puis peu à peu en marché. C’est le marché Bac Qua, qui, annexé au marché Dong Xuan, couvre une superficie totale de dix mille mètres carrés.

Le marché Dong Xuan vend toutes sortes de marchandises, des plus simples jusqu’aux plus estimées; toutes les denrées et marchandises précieuses, rares, bien appréciées, provenant de toutes les contrées du pays, y sont présentes; étoffes simples, soieries, brocards,velours, légumes, primeurs, poissons, produits aquatiques vivants, crabes de mer, huîtres, homards, ailerons de squales, nids de salanganes, agarics de senteur, pousses de bambous de forêts, fruits des montagnes, fruits des plaines… Un secteur particulier du marché est réservé aux gourmandises; vermicelles au bouillon de poulet, nem, riz gluants, compotes, gâteaux de riz gluant en granules, gâteaux et boulettes en farine de riz cuites et farcies, soupe de riz aux tripes, sang frais avec hachis de tripes coagulé, vermicelles aux escargots, vermicelles aux crabes des champs, pain de riz gluant pilé roulé autour du pâté de viande pilé…

Dans les années trente, la devanture du marché était recouverte de nombreux protège-vents en toiles ou panneaux de bambous tressés. A la nuit tombante, des mendiants, porteurs, enfants sans feux ni lieux… venaient y trouver refuge.

A l’approche de chaque nouvelle année lunaire, le marché Dong Xuan s’anime extraordinairement. Dames et demoiselles peuvent s’y procurer toutes sortes de denrées pour les préparatifs du Têt: vermicelles de Chine, saucissons à la chinoise, pâtés de viandes pilées, confitures de lotus, pousses de bambous séchées,champignons parfumés, champignons noirs…

Le marché Dong Xuan a un passé historique glorieux. Vers la mi-février 1947, les troupes coloniales françaises bombardèrent entièrement toute la superficie du marché, puis mobilisèrent quatre cents légionnaires pour assiéger le marché. Les gardes nationales vietnamiennes et les milices populaires de Hanoi, équipées d’armes rudimentaires: bâtons, couteaux, bouteilles, cimeterres, planches à découper la viande,… menèrent une lutte sans merci pour défendre le marché.
Après la paix, le marché conservait sa forme primitive avec cinq grands compartiments.

Il y a dix ans, le marché Dong Xuan était reconstruit en bâtiment à deux étages. On a conservé du marché ancien une colonne et trois arceaux de la façade en guise de souvenir. En 1994 un effroyable incendie a complètement détruit le marché . Depuis, le marché a de nouveau été reconstruit. On a tiré les leçons des expériences de la précédente construction en créant des espaces libres, de l’aération, et en assurant un système anti-incendie. En décembre 1996, le marché Dong Xuan a été une nouvelle fois inauguré après trois ans de suspension.

Hanoï dispose de beaucoup de marchés de différentes envergures. Ce sont le marché de Hôm, celui la Rue du Cuir, celui de la Porte du Sud, celui des Abricots, celui des Cocos, celui des Pamplemousses, celui de Nga Tu So, et bon nombre de petits marchés sur le pavé, de marchés verts,… Le marché Dong Xuan en est toujours « le Major  » à tous points de vue, tant sur le plan culturel que commercial.

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1 Response

  1. 23 août 2012

    […] Le Marché Dong Xuan construit en 1890 par les autorités coloniales françaises, est un centre de vie très animé et très typique aussi bien dans le marché que dans les rues alentours envahies par les marchands et les badauds. Lire la tumultueuse histoire du marché Dong Xuan. […]

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